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Les techniques artistiques de nos Artistes

Découvrez le pastel
avec Arnaud Dubarre, peintre de la bouche 




 Nouvelle série - À la découverte des techniques de peinture de nos Artistes 
 

Arnaud Dubarre, artiste peintre de la bouche et membre de l’Association Internationale des Artistes Peignant de la Bouche et du Pied, développe depuis plus de vingt ans une pratique artistique riche et diversifiée. Curieux de nature, il s’est formé à de nombreuses techniques : huile, aquarelle, encre de Chine, acrylique, avant de trouver dans le pastel sec un médium qui lui correspond pleinement.

Séduit par le contact direct avec la matière, la subtilité des dégradés et l’intensité des couleurs, il a peu à peu fait du pastel son outil privilégié. Cette technique, qu’il a adaptée à sa pratique buccale à l’aide d’outils inventés sur mesure, lui permet aujourd’hui d’exprimer avec justesse son goût du détail et sa recherche de réalisme.

Dans l’entretien qui suit, il partage son parcours, sa démarche et sa vision du pastel avec sincérité et précision.



LA TECHNIQUE DU PASTEL, ENTRE MATIÈRE ET LUMIÈRE

Le pastel est un médium fascinant à plus d’un titre. Contrairement à ce que son apparence pourrait laisser penser, il ne s’agit pas de simples craies, mais de bâtonnets de pigments purs, liés avec un minimum de gomme ou d’argile. Cette composition donne aux pastels une texture douce et veloutée, et surtout une intensité de couleur remarquable, proche de celle de la peinture.

Il existe deux grandes familles de pastels : le pastel sec et le pastel gras. Le premier, très poudreux, se travaille généralement sur des supports à fort grain, comme le papier sablé ou le papier velours, qui retiennent bien la matière. Le second, plus huileux, se rapproche davantage d’un croisement entre pastel et peinture à l’huile.

Travailler au pastel sec permet un contact direct et sensoriel avec la couleur. Il se pose par couches successives, se fond avec les doigts ou à l’aide d’estompes et autorise une grande précision dans les détails tout en offrant une richesse de dégradés. En revanche, il demande une certaine maîtrise, car les retouches sont plus délicates et il nécessite d’être fixé pour éviter que la poudre ne s’efface.

Pour un artiste peignant avec la bouche, le pastel sec a l’avantage de ne pas imposer de temps de séchage, ce qui offre une grande liberté dans le rythme de création. Mais cette pratique implique aussi des adaptations techniques spécifiques, qu’Arnaud Dubarre a su inventer au fil du temps. Il nous en dit plus dans cette interview exclusive.


Entretien avec ARNAUD DUBARRE


Artiste peintre de la bouche, pratiquant le pastel depuis 10 ans


 


1. Le choix du pastel


Quelles ont été vos premières expériences artistiques ? Avez-vous toujours utilisé le pastel ou avez-vous exploré d’autres médiums avant ?
Depuis mon adolescence, j’ai pu découvrir la peinture sous différentes formes : peinture sur bois, cuir, tissu, soie, gravure sur bois. Depuis 2001, année où j'ai adhéré à l’association, j’ai commencé par la peinture à l’huile, suivie par l’aquarelle, l’encre de Chine, la gouache, l’acrylique et enfin le pastel. Je voulais découvrir toutes ces techniques pour enrichir mes connaissances.

Qu’est-ce qui vous a attiré vers le pastel comme médium principal ?
J’ai découvert le pastel lors d’un stage chez Serge Maudet. La texture, la façon de travailler, le mélange des couleurs m’ont tout de suite attiré. J’apprécie l’impression d’être en contact avec la matière et le papier, et d’être en osmose avec le sujet que je traite.

Y a-t-il des artistes (pastellistes ou non) qui vous ont particulièrement influencé ?
Je n’ai pas d’artistes préférés précisément. J’apprécie beaucoup les artistes qui réalisent des sujets super réalistes.

Travaillez-vous plutôt au pastel sec, au pastel gras, ou combinez-vous plusieurs types ?
Je travaille uniquement au pastel sec pour l’instant.

Quelles sont, selon vous, les qualités uniques du pastel ?
À la différence des autres matières, le pastel permet de travailler au rythme que l’on souhaite, sans être pressé, sans temps de séchage.

Votre approche de cette technique a-t-elle évolué au fil du temps ?
Mon but dans la peinture est de pouvoir approcher au maximum le réalisme. Le pastel est la technique que j’arrive à apprivoiser et qui me permet de me rapprocher de plus en plus de mon objectif.

Comment décririez-vous votre évolution artistique depuis vos débuts ?
Je pense être passé par trois étapes :
  • la première : la découverte des différentes techniques
  • la deuxième : l’observation et le dessin plus précisément
  • la troisième : le mélange des deux premières : pouvoir voler de ses propres ailes et arriver à faire ce que l’on souhaite.

Arnaud Dubarre pastel


2. Techniques et outils


Préférez-vous travailler sur des papiers texturés, velours, ou d’autres supports ? Pourquoi ce choix ?
Au fil du temps, des préférences se sont révélées : certaines marques de craies et un support qui se rapproche d’un papier à poncer à grain fin.

Avez-vous développé des outils adaptés ou des techniques spécifiques pour utiliser les pastels avec la bouche ?
Là aussi, je suis passé par plusieurs étapes. D’abord, j’ai cherché à comprendre comment fonctionnent les pastels, des plus durs aux plus tendres. Mes premiers outils étaient des pinces à linge, que j’ai vite remplacées car elles étaient trop rigides pour des craies fragiles. Ensuite, j’ai fabriqué des embouts de tabourets vissés au bout de tourillons, ce qui permettait d’avoir différentes tailles. C’était intéressant, mais cela ne me permettait pas d’utiliser la craie à plat. Aujourd’hui, j’utilise des pinces de chirurgien, qui ont la spécificité de pincer à l’envers (quand on lâche la pince, elle se referme). Pour estomper, j’utilise des stylos pour écran tactile, avec embouts souples en caoutchouc.

Arnaud Dubarre outils


Avez-vous dû adapter votre posture ou votre espace de travail pour cette pratique ?
Dans mon atelier, grâce à des amis, j’ai pu réaliser une idée que j’avais. Sur un châssis de bureau réglable en hauteur, nous avons installé un plateau composé de deux épaisseurs : une en métal et une en bois composite. Cela me permet de fixer mes feuilles avec des aimants. Le plateau peut s’incliner grâce à un moteur de lit médicalisé.

 

3. Inspiration et processus créatif


Quels types de sujets ou d’ambiances vous semblent particulièrement bien adaptés à la technique du pastel ?
Tous les sujets peuvent être abordés avec le pastel. L’humeur et l’envie sont les mots-clés.

Qu’est-ce qui guide vos choix de couleurs ? Travaillez-vous avec une palette précise ou de manière intuitive ?
Tout dépend de l’état d’esprit et du sujet traité.

Vos œuvres sont-elles préparées en amont (croquis, étude) ou naissent-elles directement sur le support ?
Selon l’idée que j’ai en tête, je procède comme un puzzle. Je fais des recherches sur Internet, dans des livres ou ailleurs. Je rassemble ce que j’ai trouvé dans plusieurs croquis pour en faire un tableau.

Avez-vous une œuvre qui vous tient particulièrement à cœur ? Pourquoi ?
Résistant aux éléments. Par sa grandeur, par le travail réalisé dessus. Cette œuvre m’a permis de me rendre compte de ce que je suis capable de faire et de l’émerveillement qu’elle suscite lors des expositions.


Combien de temps en moyenne consacrez-vous à une œuvre ? Est-ce variable selon l’inspiration ou le sujet ?
Pour la réalisation d’un tableau, le temps n’a aucune importance. C’est le résultat souhaité qui compte.

Travaillez-vous plusieurs œuvres en parallèle ou vous concentrez-vous sur une seule à la fois ?
Avant, je travaillais sur plusieurs œuvres en même temps, mais le résultat ne me convenait pas. Je préfère aujourd’hui me concentrer sur un sujet à la fois.


 

4. MESSAGE, ÉMOTION, TRANSMISSION


Pensez-vous que la technique du pastel est parfois sous-estimée dans le monde de l’art contemporain ?
Le pastel est un monde à part, qui a du mal à se mélanger avec les autres techniques, tant par la matière que dans les expositions.

Que diriez-vous à quelqu’un qui hésite à se lancer dans le pastel ?
Essayer est la meilleure des solutions pour se rendre compte.

Quels sont, selon vous, les clés pour progresser dans cette technique ?
Comme dans toute technique, je prends souvent l’image d’un footballeur qui veut devenir professionnel. S’il veut marquer beaucoup de buts, il doit apprendre à viser le cadre. Dans la peinture, c’est la même chose.

Que souhaitez-vous que les gens perçoivent ou ressentent à travers vos œuvres au pastel ?
Simplement qu’ils puissent apprécier les couleurs, imaginer ce qu’ils veulent autour du tableau, et que cela apporte de la joie et de l’apaisement dans ce monde d’aujourd’hui.


À travers son parcours et sa maîtrise du pastel sec, Arnaud Dubarre nous rappelle que l’art est autant une affaire de sensibilité que de persévérance. Sa démarche, à la fois exigeante et profondément personnelle, montre combien cette technique subtile peut devenir un véritable langage d’expression. Plus qu’un médium, le pastel est pour lui un moyen d’atteindre une forme de vérité dans l’image et de transmettre, par la couleur et la lumière, un regard sur le monde à la fois juste, apaisé et vibrant.


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