Découvrez l'acrylique
avec Sylvie Vári, peintre de la bouche
Nouvelle série - À la découverte des techniques de peinture de nos Artistes
Sylvie Vári, artiste peintre de la bouche et membre de l’Association Internationale des Artistes Peignant de la Bouche et du Pied, vous ouvre les portes de son univers pictural, fait de lumière, de couleurs et de sensibilité. Elle a choisi de s’exprimer à travers un médium vivant et contemporain : la peinture acrylique. Accessible et exigeante à la fois, cette technique s’adapte à son geste, à sa créativité, à son rythme. Avec douceur et sincérité, Sylvie revient sur son parcours, ses préférences artistiques, les défis qu’elle relève et les émotions qu’elle cherche à transmettre à travers ses œuvres.
L’ART DE LA PEINTURE ACRYLIQUE : ENTRE DÉTAILS ET LIBERTÉ
Souvent associée à la modernité, la peinture acrylique est un médium relativement jeune dans l’histoire de l’art. Apparue au XXe siècle, elle a rapidement séduit les artistes par sa polyvalence et sa facilité d’utilisation. Contrairement à la peinture à l’huile, qui met plusieurs jours à sécher, l’acrylique a la particularité de sécher en quelques minutes. Ce séchage rapide permet d’enchaîner les couches, de corriger, d’expérimenter mais demande aussi de la réactivité et de l’anticipation.
Composée de pigments (les couleurs) mélangés à une résine synthétique et de l’eau, la peinture acrylique s’utilise sur presque tous les supports : toile, carton, bois, papier... Elle peut imiter l’huile ou l’aquarelle, être épaisse ou fluide, mate ou brillante. Elle s’adapte aux envies de chacun, de la précision minutieuse à l’expressivité la plus libre.
Accessible sans être simpliste, exigeante sans être intimidante, l’acrylique offre un vaste champ de possibilités. C’est un médium qui encourage l’exploration, la spontanéité et la couleur. De nombreux artistes en ont fait leur matière de prédilection, comme Sylvie Vári, qui partage ici son approche personnelle, ses choix techniques et ce que l’acrylique lui permet d’exprimer.
Entretien avec Sylvie Vári
Artiste peintre de la bouche, pratiquant l'acrylique depuis 20 ans
1. Le choix de l'acrylique
Qu'est-ce qui vous a attirée vers la peinture acrylique plutôt qu'un autre médium ? Lorsque j'étais enfant, j'ai commencé à peindre à l'aquarelle, puis à la détrempe. Lorsque j'ai commencé à peindre plus sérieusement, de manière professionnelle, je voulais essayer une nouvelle technique. Je n'osais pas me lancer dans la peinture à l'huile, qui me semblait trop compliquée.
Je cherchais une peinture à l'eau qui se travaille comme la peinture à l'huile. J'ai demandé conseil à mes collègues, j'ai effectué des recherches sur Internet et j'ai découvert l'acrylique. Si je ne suis pas passée à l'huile par la suite, c'est parce que je n'ai pas d'atelier : je peins dans une pièce de la maison. L'huile a une forte odeur, l'acrylique est inodore.
Quelles sont, selon vous, les particularités de l’acrylique qui la rendent unique ou intéressante à explorer ? L'acrylique sèche rapidement, mais permet de peindre en plusieurs couches. Elle offre donc des possibilités particulières. Il est aussi très facile de mélanger et d'assortir les couleurs.
Votre approche de l’acrylique a-t-elle évolué avec le temps ? Oui, bien sûr. J'aime de plus en plus ce médium. J'ai l'impression de m'améliorer dans son utilisation et dans l'application de la technique.
2. Techniques et outils
Quels défis spécifiques rencontrez-vous avec l’acrylique ? Son principal avantage est aussi un défi : le séchage rapide. Si je veux peindre plusieurs couches à la suite, je ne peux pas faire de pause comme avec l'huile. Si j'attends, même une demi-heure, la couche suivante ne se mélangera plus à la précédente. Mais si la peinture est trop humide, les couleurs se mélangent trop.
Travaillez-vous en couches rapides ou en superpositions longues ? Je travaille par superpositions longues. Même si mes tableaux semblent simples au premier regard, je porte une grande attention aux détails. Il m'arrive souvent de les corriger.
Quel type de support préférez-vous : toile, papier, bois ? Pourquoi ce choix ? Je peins sur carton toilé. C'est un support rigide, qui ne glisse pas, ne s'imprègne pas facilement de graisse et ne se déforme pas avec l'humidité.
Comment tenez-vous et contrôlez-vous le pinceau ? Utilisez-vous des pinceaux adaptés à votre façon de peindre ? Je n'utilise pas de pinceaux spécifiques. J'ai testé une extension de pinceau, mais je n'ai pas réussi à la maîtriser. Si possible, je choisis des brosses plus longues. Je peins avec la bouche, en déplaçant le pinceau avec les lèvres et les dents. Pour tracer des lignes précises, je dois le tenir fermement, ce qui est fatigant.
Y a-t-il des effets ou techniques que vous n’avez pas encore explorés avec l’acrylique et que vous aimeriez tester ? J'essaie sans cesse d'apprendre de nouvelles techniques. J'aimerais peindre avec un couteau, mais le contrôler avec la bouche est difficile.
Quels gestes vous demandent le plus de précision ou de concentration ?
Représenter avec précision des éléments géométriques en perspective, comme une maison ou un bâtiment, est un véritable défi pour moi.
3. Inspiration et processus créatif
Si vous pouviez discuter avec un·e artiste (vivant·e ou disparu·e) qui a travaillé l’acrylique, qui choisiriez-vous et pourquoi ?
Je ne connais pas d'artistes célèbres qui ont travaillé uniquement l'acrylique. Mon style se rapproche de l'impressionnisme. Je choisirais donc Claude Monet. Et puisque je vis à Arles, je ne peux pas ne pas citer Vincent Van Gogh. J'ai aussi beaucoup d'admiration pour le peintre hongrois Pál Szinyei Merse.
Quels types de sujets aimez-vous représenter avec l’acrylique ?
Mes sujets préférés sont les paysages et les bouquets de fleurs. J'aime peindre mon village natal, mais aussi les paysages méditerranéens et les villas provençales, puisque je vis aujourd'hui en Provence.
Qu’est-ce qui guide vos choix de couleurs ? Travaillez-vous avec une palette précise ou de manière intuitive ?
J'utilise les couleurs de base que je mélange selon les besoins. J'aime les teintes vives et je n'ai pas peur de les utiliser. J'ai une palette précise, mais je ne la consulte que si je n'arrive pas à obtenir une couleur par moi-même.
Avez-vous un style défini (figuratif, abstrait...) ou aimez-vous explorer différents genres ?
L'impressionnisme est ce qui me correspond le mieux. J'ai essayé de peindre très précisément, mais je n'y suis jamais parvenue. Mes tableaux reflètent mon état d'esprit. Je ne cherche plus à peindre autrement. Récemment, je me suis intéressée à l'art abstrait, et même si je n'ai encore réalisé que peu d'œuvres dans ce style, j'aimerais l'explorer davantage.
Comment décidez-vous qu’une œuvre est terminée ?
Comme beaucoup d'artistes, je pense qu'une œuvre n'est jamais vraiment finie. Je la considère comme achevée quand j'ai le sentiment qu’un nouveau coup de pinceau n’apporterait rien de plus. Je la laisse reposer un ou deux jours, puis je la regarde à nouveau. Si quelque chose me déplaît, je le corrige. Ensuite, mon mari applique un fixateur et il n'est plus possible de modifier le tableau.
Travaillez-vous à partir d’une esquisse ou directement sur la toile ?
Je travaille directement sur la toile, mais je commence toujours par une esquisse au crayon.
Y a-t-il une œuvre peinte à l’acrylique dont vous vous sentez particulièrement proche ? Pourquoi ?
Je n'ai pas de tableau acrylique préféré. Je ne choisis pas les œuvres en fonction de la technique. Bien sûr, j'éprouve un plaisir particulier à voir des tableaux réalisés à l'acrylique mais je suis plutôt attentive à la façon dont l'artiste s'en est servi pour dépeindre ses sujets.
Avez-vous une routine ou un moment préféré pour peindre ?
Je n'ai pas de routine fixe. Je m'adapte au rythme de ma famille. Je peins surtout l'après-midi et le week-end. Cela dépend aussi de l'intérêt que je porte à ce que je peins. C'est comme lire un livre : il y a des livres que je commence et que je ne peux pas arrêter avant de les avoir terminés. Et d'autres que je lis lentement, pendant des semaines. C'est la même chose avec la peinture. Certains thèmes m'enthousiasment tellement que je peins jusqu'à être épuisée tandis que certaines de mes peintures sont en cours depuis des semaines, je les corrige souvent, mais elles ne me plaisent pas encore totalement.
4. MESSAGE, ÉMOTION, TRANSMISSION
Pensez-vous que la peinture acrylique est parfois perçue comme moins "noble" que d'autres médiums ?
Je pense que la peinture à l'huile reste la plus reconnue mais l'acrylique est de plus en plus acceptée, tout comme l'aquarelle ou le pastel. On peut réaliser de très belles œuvres avec l'acrylique, de qualité comparable à l'huile.
Si vous deviez convaincre quelqu'un d'essayer l'acrylique, que lui diriez-vous ?
Je lui montrerais mes tableaux, je lui dirais combien on peut jouer avec les couleurs et créer de belles choses avec ce médium.
Quels sont, selon vous, les clés pour progresser avec l'acrylique ?
Je cherche des formations en ligne, je regarde le travail d'autres peintres, je lis des livres et surtout, je pratique et j’expérimente beaucoup. C'est comme ça que je progresse.
Que souhaitez-vous que les spectateurs ressentent en découvrant vos œuvres ?
J'aimerais qu'ils ressentent l'ambiance, l'atmosphère de mes tableaux, notamment mes paysages. Une dame a acheté un tableau représentant une villa méditerranéenne en bord de mer car il lui rappelait l'endroit où elle avait célébré ses 50 ans de mariage. Elle m'a dit que la joie et la chaleur du lieu transparaissaient dans ma peinture.
Si vous deviez transmettre un seul message à travers vos tableaux réalisés à l’acrylique, quel serait-il ?
Mes tableaux ne sont pas de qualité photographique, et ce n'est pas mon but. Je veux que le spectateur ressente l'émotion, l'état d'esprit dans lequel j'étais au moment où j'ai peint.
Le parcours de Sylvie est un magnifique exemple de persévérance, de créativité et de passion. À travers la peinture acrylique, elle a su tracer son propre chemin, dépasser les contraintes et transformer chaque geste en une expression sincère de son regard sur le monde.
Son témoignage rappelle qu’il n’existe pas une seule manière d’être artiste, mais une infinité de chemins intérieurs que chacun peut emprunter avec ses propres moyens. Avec simplicité et humilité, Sylvie nous montre qu’il est possible de faire de chaque difficulté une force, et de chaque toile une invitation à ressentir, à se souvenir, à rêver.
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